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Les polypathologies, un élément récurrent dans les Ehpad

Quel est l’état de santé des résidents des Ehpad ? La question est d’autant plus importante qu’elle influe nécessairement sur les organisations et les métiers. Des responsables professionnels du secteur ne manquent d’ailleurs pas de souligner cette difficulté, qu’ils mettent souvent en relation avec des défauts de moyens à disposition.

Le Ministère de la Santé a récemment publié un dossier spécial sur ce thème, reposant sur des études statistiques recueillies en 2007 et une analyse de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
L’analyse révèle une stabilité des situations puisqu’aucune évolution notable de l’état de santé des personnes âgées vivant en établissement n’est enregistrée depuis 2003, année de la précédente étude.

On peut constater que 82 % des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées souffrent d’au moins une maladie neurologique ou psychiatrique.

Par contre, si l’on s’intéresse au détail des pathologies, on remarque que des évolutions semble se faire sentir. Ainsi, les syndromes démentiels, dont la maladie d’Alzheimer, concernent 36 % des résidents de l’ensemble des établissements soit environ 237 000 personnes. Cette proportion était de 33% en 2003.

À partir de 65 ans, la proportion de personnes âgées atteintes de syndrome démentiel vivant en institution augmente naturellement avec l’âge : elle est de 13 % entre 65 et 70 ans et atteint 41 % au-delà de 95 ans. On relèvera une particularité chez les résidents les plus jeunes. Pour les personnes de moins de 65 ans, le taux de prévalence de ces syndromes démentiels est de 20%. Ce qui pourrait expliquer, selon la Drees, leur entrée en établissement alors que la tendance forte dans cette génération est le maintien à domicile.

A retenir également de cette étude : les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et des autres syndromes démentiels sont majoritairement très dépendants. En effet, 70% d’entre-elles sont classées en GIR1 et GIR2. En outre, entre 60 % et 70 % d’entre elles ont des troubles complets de la cohérence, sont totalement désorientées ou ne peuvent pas du tout faire leur toilette ou s’habiller seules.

Une autre catégorie de pathologies est particulièrement présente : les trois quart des résidents sont atteints par une maladie cardiovasculaire. L’hypertension artérielle est la plus fréquente de ces pathologies (52% des résidents), l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme sont aussi assez souvent observées.

Mais la principale conclusion de cette enquête est que la quasi-totalité des résidents sont atteints de plusieurs pathologies. En moyenne, ils sont concernés par 6 pathologies étudiées, la moitié en ayant entre 4 à 8… L’enquête confirme la spécialisation des Ehpad puisqu’elle relève une forte différence avec les autres formes d’hébergement.

La Drees a également établi qu’en moyenne, un résident absorbe 6,5 médicaments par jour. Ce qui permet de mesurer également la complexité des missions des personnels.

Dans une étude complémentaire spécifiquement axée sur les troubles démentiels, la Drees fait le lien entre le type et la taille des établissements et la fréquence des démences. Et de constater une forte présence des personnes affectées dans les établissements de taille significative (plus de 60 lits).

Enfin, l’analyse des données par type d’établissements montre une proportion plus importante des personnes démentes dans les Ehpad privés à but lucratif. Un peu plus de 40 % des résidents des « maisons de retraite-EHPAD » sont atteints de démence. Cette proportion est de 10 points supérieure à la moyenne dans les établissements privés à but lucratif et légèrement inférieure dans ceux de statut public autonome ou privé à but non lucratif (-3 points). Elle est égale à la moyenne dans les « maisons de retraite-EHPAD » publiques rattachées à un hôpital.

Si « la probabilité qu’un résident soit dément est ainsi multipliée par 1,5 si celui-ci vit dans un EHPAD privé à but lucratif par rapport à un résident vivant dans un EHPAD public autonome – cette surreprésentation demeure toutefois délicate à interpréter » indique la Drees. L’étude écarte l’effet prix (assez neutre) pour privilégier l’effet taille dans les explications. Une autre explication réside dans l’existence, au sein de l’établissement, d’espaces spécialement aménagés pour des activités particulières comme les repas ou les animations.