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Une étude prévoit une accélération des entrées en établissement

Début 2012, les services du ministère des affaires sociales et de la santé ont recensé 1,2 millions de personnes âgées dépendantes, selon les critères définis dans les groupes GIR de 1 à 4.

Et alors que le gouvernement prépare la future loi sur la perte d’autonomie, une question extrêmement importante préoccupe les experts et les statisticiens : quelle sera l’évolution prochaine de la population de personnes âgées dépendantes ? Ces dernières années, on a surtout mis en avant, dans les commentaires entourant l’évolution de l’espérance de vie, la progression de l’espérance de vie sans incapacité.

Un certain nombre de rapports, comme celui réalisé par Luc Broussy dans le cadre des groupes de travail de préparation de la loi autonomie pose clairement la question des priorités de politique publique face au vieillissement. Ainsi, est posée la question du caractère inéluctable de la perte d’autonomie, et des actions que nous pourrions mener collectivement à destination des personnes âgées autonomes à fin de prévenir leur entrée dans une dépendance lourde nécessitant des interventions coûteuses.

Un dossier publié dans la collection « solidarité et santé » de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé et des affaires sociales bien quelque peu bouleverser ce débat. Il présente en effet plusieurs projections des populations dépendantes à l’horizon 2060, effectuée selon deux méthodes d’estimation, qui révèle surtout l’extrême sensibilité de ces prévisions aux hypothèses de calcul qui sont retenus. En d’autres termes, il est extrêmement délicat aujourd’hui de savoir exactement ce qu’il en sera de la population des personnes âgées entrées en dépendance dans l’avenir. Une question pourtant cruciales si l’on veut préparer correctement notre société à ses perspectives d’avenir.

Pour les experts du ministère, une chose s’impose cependant : l’arrivée des générations du baby-boom à l’âge de 80 ans à partir de 2030.

La première simulation repose sur la comparaison entre l’évolution de l’espérance de vie et l’espérance de vie sans incapacité. Si l’on retient comme possible le scénario médian de cette étude, 2,3 millions de personnes percevraient l’APA en 2060, soit deux fois plus qu’en 2010.

Plus longtemps dépendants et plus seuls

La seconde analyse traite plus particulièrement l’entrée, et de la sortie, en dépendance. Il mesure l’importance de l’environnement familial dans la prise en charge de celle-ci. Avec deux enseignements principaux. Si la durée moyenne de perception de la prestation autonomie est aujourd’hui de quatre années, celle-ci va s’allonger progressivement pour atteindre 6 ans à l’horizon 2040. Avec une accélération en début de période puisque la durée de perception de cette prestation devrait augmenter d’un an d’ici 2020.

Le second enseignement de cette approche est que le statut matrimonial évoluera peu, alors que la structure familiale connaitra de profondes mutations liées à la baisse du nombre moyen d’enfants. Ainsi la proportion des hommes dépendants vivant avec leur conjoint passera de 50 à 54 %, celle des femmes de 16 à 19 %.

Or « les générations ayant eu des enfants après 1975 ont eu moins d’enfants, et ont donc une probabilité plus grande d’être sans enfant aux âges de la dépendance ». Enfin la probabilité d’avoir au moins un enfant inactif parmi l’ensemble des personnes âgées dépendantes va augmenter jusqu’en 2025 et reculera ensuite pour être, en 2040, inférieure à ce qu’elle était en 2010 pour les femmes comme pour les hommes.

Quelles conséquences sur les modes d’hébergement ? Ces experts en voient au moins deux : d’abord, les entrées en établissement pourraient progresser plus rapidement qu’à domicile (375 000 personnes âgées dépendantes supplémentaires en institution) à un rythme de +2,2 % par an (contre +1,9 % par an pour les personnes âgées dépendantes vivant à domicile). Ensuite, pour un même niveau modéré de dépendance (GIR 3 ou 4), la transition vers un établissement est plus probable pour les individus aux revenus les plus faibles.

Plus nombreux et des ressources modestes ? L’importance de la future loi autonomie n’a jamais été aussi élevée.

A lire : http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/pdf/article43.pdf